18/06/2025

🧨 Chalon-sur-Saône : Quand les décisions municipales alimentent les divisions

 

Image d'illustration

Depuis plusieurs années, Chalon-sur-Saône, paisible sous-préfecture de Saône-et-Loire, se retrouve régulièrement sous les projecteurs médiatiques pour des prises de position politiques à la fois tranchées et controversées. Si la ville n’a pas démontré de manière statistique une hausse particulière d’actes racistes par rapport au reste du territoire, certaines mesures municipales contribuent à créer un climat de tension et de méfiance, particulièrement à l’encontre de certaines communautés.


🏛️ Une politique locale qui divise plus qu’elle ne rassemble

Sous l’impulsion de son maire Gilles Platret (Les Républicains), Chalon-sur-Saône a connu une série d’arrêtés et de décisions qui interrogent sur les intentions et les impacts sociaux de ces politiques. L’un des exemples récents les plus marquants est l’interdiction d’arborer le drapeau palestinien lors des manifestations pro-palestiniennes. Officiellement justifiée au nom de la sécurité et de la "neutralité républicaine", cette décision a été perçue par de nombreux habitants comme une atteinte à la liberté d’expression et un signal politique à connotation discriminatoire.

Un arrêté qui, selon plusieurs associations locales, "stigmatise une partie de la population" et participe à une construction symbolique de l'ennemi intérieur, en ciblant indirectement les citoyens issus de l’immigration ou solidaires des causes internationales jugées sensibles.

🚸 Des discours sécuritaires à répétition

Le discours sécuritaire, omniprésent dans la communication municipale, renforce également les clivages. À force de parler d’ordre, de contrôle, de surveillance et de délinquance importée, on construit une image d’une ville sous menace... sans pour autant apporter de preuve d’un péril spécifique. Cette rhétorique peut, sans le dire ouvertement, dresser un portrait implicite de l’"autre" comme un danger, nourrissant ainsi la défiance et le racisme ordinaire.

Ce phénomène n’est pas nouveau ni propre à Chalon-sur-Saône, mais ici, il semble particulièrement systématisé, jusqu’à faire de certains sujets (immigration, religion, minorités) des outils politiques récurrents à chaque scrutin.

📣 Une société civile qui résiste

Fort heureusement, la société civile chalonnaise ne reste pas silencieuse. Le 22 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale contre le racisme, près de 250 personnes se sont rassemblées pour dénoncer l’islamophobie, l’antisémitisme et les politiques discriminatoires. Associations, syndicats, citoyens engagés : beaucoup refusent de voir leur ville glisser dans l’exclusion et la méfiance institutionnalisée.

Mais face à une municipalité qui persiste dans ses choix clivants, la résistance citoyenne se heurte à une stratégie de communication bien rodée, où toute critique est renvoyée à une soi-disant "idéologie bien-pensante".

⚠️ Des conséquences invisibles mais durables

Le risque n’est pas tant dans des explosions de violence que dans une lente érosion du vivre-ensemble. Quand les élus donnent l’exemple de la défiance, quand les signes culturels sont perçus comme des provocations, quand on restreint les libertés sous couvert de sécurité, alors le tissu social se déchire lentement.

Les jeunes issus de la diversité grandissent dans un environnement où ils sentent qu’ils doivent prouver qu’ils sont à leur place. Où le simple fait de soutenir une cause internationale peut vous valoir suspicion. Où certaines expressions culturelles sont invisibilisées ou interdites.

✍️ En conclusion : une responsabilité politique

Aucune ville n’est à l’abri du racisme. Mais toutes ont une responsabilité dans la manière dont elles traitent les différences, protègent les libertés, et soutiennent la dignité humaine.

Chalon-sur-Saône gagnerait à renouer avec une politique municipale inclusive, respectueuse et apaisée, à la hauteur de la richesse humaine qui constitue son territoire. Le rôle des élus n’est pas d’attiser les peurs, mais de construire des ponts. Et cela commence par des gestes symboliques forts, mais aussi par le refus de toute instrumentalisation politique des différences.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire