Bangui, République centrafricaine – Une scène d’horreur s’est jouée ce mardi 25 juin 2025 au centre n°1 du lycée Barthélemy Boganda de Bangui, l’un des plus importants centres d’examen du baccalauréat dans la capitale.
Ce jour-là, près de 6 000 candidats composaient sereinement leur épreuve d’histoire-géographie… jusqu’à ce qu’une explosion fasse basculer la matinée dans l’effroi et le carnage. Bilan provisoire : une dizaine de morts, plus d’une centaine de blessés, des familles en détresse et une jeunesse traumatisée.
Une explosion fatale, une panique incontrôlée
L’origine du drame : un transformateur électrique situé derrière un bâtiment scolaire a explosé, semble-t-il après une intervention de techniciens d’Enerca, la société d’électricité nationale. Le fracas de l’explosion, couplé à un dégagement de fumée, a provoqué un mouvement de panique massif. Des élèves, croyant à une attaque ou un incendie, ont sauté du premier étage pour fuir, se fracturant les jambes. D'autres ont été piétinés dans des bousculades dignes d’un champ de bataille.
Mais ce n’est pas l’explosion elle-même qui a causé tant de morts et de blessures : c’est surtout l’absence totale de dispositif d’évacuation d’urgence, l’absence de formation des surveillants, et l’absence de consignes de sécurité adaptées à un établissement recevant des milliers de jeunes.
Le chaos sanitaire : hôpitaux débordés, blessés au sol
La suite du drame s’est poursuivie dans les couloirs d’hôpitaux déjà exsangues. À l’hôpital communautaire de Bangui, les blessés ont été allongés à même le sol, faute de lits et de moyens. Les services d’urgence, débordés, n’ont pas pu faire face à l’afflux soudain de blessés graves, parfois dans un état critique. Une partie d’entre eux a été transférée à l’hôpital général et au complexe pédiatrique, eux aussi rapidement saturés.
Dans un pays où les infrastructures médicales sont déjà limitées en temps normal, cette tragédie vient rappeler l’état de délabrement du système de santé. Aucun plan d’urgence sanitaire. Aucune ambulance pré-positionnée. Aucune coordination entre les établissements. Les familles ont erré d’un service à l’autre, cherchant leurs enfants sans réponse.
L’État face à ses responsabilités
Le ministre de l’Éducation nationale, Aurélien Simplice Zingas, s’est rendu sur place, mais n’a encore fait aucune déclaration concrète sur la suite des examens ni sur les responsabilités engagées. Pourtant, cette catastrophe révèle de manière brutale le manque criant de préparation des autorités scolaires à un événement de ce type, ainsi que l’abandon de la jeunesse centrafricaine par un État souvent plus prompt à réprimer qu’à protéger.
Comment peut-on organiser un examen national dans un centre surchargé, sans aucun plan d’évacuation, sans dispositifs de premiers secours, sans protocole de gestion de crise ? Ce drame était évitable. Et c’est là que se situe la véritable tragédie : dans l’indifférence, dans l’improvisation, dans l’absence de l’État.
Une jeunesse en deuil, un système à bout de souffle
Aujourd’hui, ce sont des milliers de jeunes centrafricains qui sont meurtris, physiquement et psychologiquement. Ce sont des familles dévastées, des rêves brisés, des traumatismes à vie. Ce sont aussi des citoyens qui s’interrogent : que vaut la vie d’un élève en RCA ? Combien de drames faudra-t-il encore pour que les autorités prennent leurs responsabilités ?
Plus qu’un incident tragique, cet événement est le révélateur d’un système à bout de souffle. Un système éducatif sous-financé, un système sanitaire désorganisé, un État absent ou défaillant. Et au cœur de tout cela, des enfants, des adolescents, qui ne demandaient qu’à passer un examen.
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