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© Maxppp - Camille Poirson |
Saône-et-Loire : mort d’un adolescent de 13 ans après une course-poursuite, une tragédie qui bouleverse tout un quartier.
Un drame s’est noué dans la nuit de mercredi à jeudi près de Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire. Un garçon de 13 ans a perdu la vie dans un accident de voiture impliquant cinq adolescents. Le véhicule, conduit sans permis par l’un d’eux, a effectué une sortie de route après un refus d’obtempérer aux forces de l’ordre. Le choc de cette mort brutale secoue toute une communauté, entre incompréhension, douleur et colère.
Il était environ 4 heures du matin lorsque les policiers ont voulu contrôler le véhicule, une Peugeot apparemment empruntée aux parents de l’un des jeunes. Les adolescents, âgés d’environ 15 ans, ont refusé d’obtempérer et ont pris la fuite. Les forces de l’ordre les ont alors suivis à distance, comme le confirme la préfecture. La course s’est poursuivie jusqu’à Gourdon, commune située à une quinzaine de kilomètres, sur une route sinueuse où le véhicule a quitté la chaussée et plongé dans un bas-côté profond de trois mètres. À son bord, cinq mineurs. L’un d’eux, âgé de 13 ans, installé à l’avant, est décédé sur le coup. Les quatre autres ont réussi à s’extraire de la carcasse avec des blessures légères. La gendarmerie a dû désincarcérer la victime.
Le parquet de Chalon-sur-Saône a ouvert une enquête pour « homicide involontaire aggravé », « blessures involontaires » et « refus d’obtempérer ». Le procureur, Patrice Guigon, a précisé qu’aucun contact n’a eu lieu entre la voiture de police et celle des adolescents. Les deux policiers, les premiers à arriver sur les lieux, ont immédiatement porté secours aux victimes. Ils ont été entendus par les gendarmes dans le cadre de l’enquête en cours.
Ce drame n’a pas seulement bouleversé les familles des jeunes impliqués. Il a plongé tout un quartier dans une profonde tristesse. Les témoignages recueillis sur place traduisent l’émotion mais aussi l’incompréhension. En bas de l’immeuble où habitaient plusieurs des adolescents, les voisins ont du mal à trouver les mots. L’un d’eux, les larmes à peine contenues, exprime sa colère. Pour lui, l’accident aurait pu être évité si la police avait choisi une autre méthode : « Ils prennent la plaque et ils viennent le lendemain, pas besoin de les chasser en pleine nuit. » D’autres, comme Fouzia, une maman du quartier proche des familles, pleurent en silence. Elle confie avoir eu peur que son propre fils soit du groupe : « C’est malheureux, mais je me suis dit heureusement que mon fils n’était pas dans cette voiture. »
Ces adolescents, d’après leurs proches, n’étaient pas des jeunes à problèmes. Ils n’avaient jamais conduit auparavant. Une mère raconte qu’ils se seraient peut-être lancés un défi, une impulsion irréfléchie dans une nuit d’ennui ou d’adrénaline. « Ce n’était pas des habitués. C’était la première fois. S’ils avaient déjà fait ça, je leur aurais dit d’arrêter », affirme-t-elle.
Derrière cette tragédie, de nombreuses questions émergent. Comment un garçon de 15 ans a-t-il pu avoir accès à une voiture ? Pourquoi prendre autant de risques ? Quelle part de responsabilité revient aux adultes, aux institutions, aux forces de l’ordre ? Le débat est relancé, sensible, douloureux. Le refus d’obtempérer est un phénomène en hausse, souvent symptomatique d’un malaise plus profond chez les jeunes. Mais chaque cas, chaque nuit, chaque décision peut avoir des conséquences tragiques.
À Montceau-les-Mines, dans les familles, les écoles, les rues, c’est le silence mêlé aux pleurs qui domine. Une vie s’est arrêtée, brutalement, à 13 ans. D’autres, à peine plus âgées, porteront ce traumatisme pour longtemps. La justice tentera de faire la lumière. Mais la douleur, elle, ne s’effacera pas.
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